La Grammaire est une Chanson douce
Je viens de retrouver ce texte dans mes tiroirs qui me séduit...
Les mots dormaient.
Ils s’étaient posés sur les branches des arbres et ne bougeaient plus.
Nous marchions doucement sur le sable pour ne pas les réveiller.
Bêtement, je tendais l’oreille :
j’aurais tant voulu surprendre leurs rêves.
J’aimerais tellement savoir ce qui se passe dans la tête des mots
. Bien sûr, je n’entendais rien.
Rien que le grondement sourd du ressac, là-bas, derrière la colline.
Et un vent léger.Peut-être seulement l
e souffle de la planète Terre avançant dans la nuit.
Nous approchions d’un bâtiment
qu’éclairait mal une croix rouge tremblotante.
-Voici l’hôpital, murmura Monsieur Henri. Je frissonnais
. L’hôpital ? Un hôpital pour les mots ?
Je n’arrivais pas à y croire. La honte m’envahit.
Quelque chose me disait que, leurs souffrance
s nous en étions, nous les humains, responsables.
Vous savez, comme ces Indiens d’Amérique morts
de maladies apportées par les conquérants européens.
Il n’y a pas d’accueil ni d’infirmiers dans un hôpital de mots ;
Les couloirs étaient vides. Seule nous guidaient
les lueurs bleues des veilleuses.
Malgré nos précautions, nos semelles couinaient sur le sol.
Comme en réponse, un bruit très faible se fit entendre.
Par deux fois. Un gémissement très doux.
Il passait sous l’une des portes
, telle une lettre qu’on glisse discrètement,
pour ne pas déranger. Monsieur Henri me jeta
un bref regard et décida d’entrer.
Elle était là, immobile sur son lit,
la petite phrase bien connue, trop connue :
Je t’aime Trois mots maigres et pâles, si pâles.
Les sept lettres ressortaient à peine
sur la blancheur des draps.
Trois mots reliés chacun par un tuyau
de plastique à un bocal plein de liquide.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase
Il me sembla qu’elle nous parlait : -Je suis un peu fatiguée.
Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
-Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais.
Depuis le temps que tu existes. Tu es solide.
Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Il la berça longtemps de tous ces mensonges
qu’on raconte aux malades. Sur le front de Je t’aime,
il posa un gant de toilette humecté d’eau fraîche. -
C’est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.
« Un peu fatiguée », « un peu dur »,
Je t’aime ne se plaignait qu’à moitié, elle ajoutait des « un peu » à toutes ses phrases. -
Ne parle plus. Repose-toi, tu nous as tant donné,
reprends des forces, nous avons trop besoin de toi.
Et il chantonna à son oreille le plus câlin de ses refrains
. La petite biche est aux abois
Dans le bois se cache le loup Ouh ouh ouh ouh
Mais le brave chevalier passa
Il prit la biche dans ses bras La la la la
-Viens ma belle, maintenant. Elle dort.
Nous reviendrons demain.
-Pauvre Je t’aime. Parviendront-ils à la sauver ?
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Des larmes me venaient dans la gorge.
Elles n’arrivaient pas à monter jusqu’à mes yeux.
Nous portons en nous des larmes trop lourdes.
Celles-là, nous ne pourrons jamais les pleurer. -… Je t’aime.
Tout le monde dit et répète « je t’aime ».
Tu te souviens du marché ?
Il faut faire attention aux mots.
Ne pas les répéter à tout bout de champ ?
Ni les employer à tort et à travers,
les uns pour les autres,
en racontant des mensonges.
Autrement, les mots s’usent.
Et parfois, il est trop tard pour les sauver.
Tu veux rendre visite à d’autres malades ?
Il me regarda.
-Tu ne vas pas t’évanouir, quand même ?
Il me prit le bras et nous quittâmes l’hôpital.
Erik Orsenna - La grammaire est une chanson douce
Nouveau jour....
.qui commence !Il fait gris le beau soleil est absent...Il est 11 heures , je reviens du jardin ,le lilas embaume quelle douceur .J'aime ces moments où comme l'oiseau sur la branche ,je me laisse porter sans efforts...je suis là tout simplement! des images ,des sensations émergent en flots ténus ...Que d'interrogations...AUXQULLES JE N'APPORTE PAS DE REPONSES EXISTENT ELLES SEULEMENT ?..
." Bien sûr tout au fond de toi.." me répondrait mon frère/ami au prénom original Théosophane que j'appelle Théo...
Que dire...
Oui...je me souviens de tant de choses que je pensais effacées.De l'enfance à mon Fil de Soi de ce jour!Que dire je n'en sais rien , ça se bouscule en moi que d' émotions...Il me semblait être forte hummm pas tant que ça!!! En commençant ce blog j'ai écrit des mots jolis,charmants avec un peu de" quant à soi".Cela coulait de source...comme disait ma grand'mère. Me voilà toute en peine ne sachant par où commencer...y a t'il un commencement pour cette démarche? BREF JE SUIS MALADROITE !!!